Outch, ça fait vraiment mal!

Je parcours tranquillement les articles sur la gratuité, et je suis très surprise, voire outrée de ce que j'y lis dans les commentaires des gens.

À croire que nous les infertiles, nous ne sommes que des profiteux de l'argent des autres, que nous ne sommes pas malades, ni tristes, que nous ne sommes que des capricieux qui ne veulent pas des enfants des autres. Que je tiens à partager mes gènes, point final. La Gratuité c'est de la shnoute, qu'on adopte si on est infertile et point à la ligne. Rien à rajouter.
Euh...Pardon?

À ces gens loin de nos réalités et de nos vies et visiblement loin de nos sentiments et nos combats, je vous envoie, avec le sourire, manger de la colle!
Oui, cette loi est contestée car elle représente beaucoup d'argent. Oui, elle comporte des lacunes, comme toutes les lois qui existent et qui sont arrivées!

Qui êtes-vous pour vous donner le droit d'attaquer les couples infertiles si ouvertement? Vous pouvez critiquer le projet de loi, vous êtes dans un pays libre, mais diantre, laissez-nous tranquille!
Vous savez, je ne suis pas bien différente de vous.
J'ai une maison, une voiture, un chien, un bon travail que j'adore. Je suis en amour. Avec un homme infertile.
Déception après déception, peine après peine, joies écourtées, espoirs blasés, le verdict est tombé.
Tant mieux pour vous tous si vous avez pu enfanter dans les normales et les règles de l'art. Je suis très heureuse pour vous. Et j'ai contribué, tout comme vous, à l'accouchement de vos enfants, aux épidurales, aux séjours à l'hôpital, aux échographies et au milles et un tests que vos femmes ou que vous avez passé. J'ai payé aussi pour votre vasectomie ou votre vaso-vasectomie. Votre cousine qui a eu un cancer et qui a subi une augmentation mammaire pour se sentir femme à nouveau, j'ai contribué aussi. Votre neveu qui a subi la grande opération pour devenir une femme, car c'est ainsi qu'il s'est toujours senti, j'ai payé aussi. La ligature de votre soeur, le taxi et les médicaments à votre oncle sur le bien-être social, le programme d'étude à votre beau-frère pour qu'il retourne à l'école sans se mettre en faillite, l'avortement de votre fille car elle a eu un bête accident, les genoux artificiels de votre père, les piqures d'insuline et le glucophage de votre mère pour son diabète... et j'en passe. Je paie aussi. Je suis une contribuable, tout comme vous. Je sais que vous ne changerez pas d'opinion.

Je sais. Vous sentez bien loin de tout ce projet de loi et vous trouvez que le gouvernement manque d'infirmière et de spécialiste. Vous jugez que le gouvernement a d'autres chats à fouetter et qu'il dépense aux mauvais endroits.
Cette loi aura des retombées économiques, à cause que le gouvernement cherche à diminuer drastiquement les grossesses multiples, qui elles coûte un bras, beaucoup plus que les Fécondations in vitro. Même que, si les chiffres sont bons et que les effets sont escomptés, il y a de l'économie d'argent, qui elle, pourra être mise ailleurs. Il essaie de donner un coup de pouce aux québécois pour notre population, sans qu'on puisse compter exclusivement sur les immigrants.
S'il n'y a pas assez d'infirmières, c'est parce que c'est une vocation, cette job-là. Des femmes sont détruites par le travail, les responsabilités, la non-reconnaissance de leur emploi. Je peux en parler, les infirmières sont mes collègues de travail.
Il n'y a pas de médecins de famille car les nouveaux diplômés médecins n'en n'ont rien à foutre. C'est mieux devenir chirurgien, ou faire une belle spécialité. Entre médecins spécialistes, certains regardent les médecins de famille de haut. Plusieurs. Encore mieux, c'est mieux faire sa médecine au Québec et aller travailler en Ontario. Meilleur salaire. Expliquez-moi en quoi c'est la faute des couples infertiles?
L'ACIQ avait une requête et un projet à soumettre au ministre de la santé il y a plusieurs années. Il a accepté l'idée et en a fait un projet de loi. Qu,est-ce que vous voulez que je vous dise?

Vous avez bien fait une requête pour refaire l'asphalte de votre rue, vous? Comment réagiriez-vous si je vous disais que votre rue ne sera pas refaite, car il faut réparer le pont Champlain et refaire les échangeurs de Montréal et tous les viaducs avant? Vous regarderiez vos ailes d'autos bossées et toute l'argent que vous avez mis dans les crevaisons et les réparations de votre belle voiture presque de l'année à cause de votre rue dégueulasse et vous vous frustrez. Vous vous souvenez quand votre fils est tombé à vélo et s'est fracturé la cheville. Il a tant pleuré et vous avez été obliger de lui dire qu'il ne pourrait pas jouer au soccer de l'été. Vous frustrez. Vous êtes fâché. Car vous savez très bien que ça veut dire que vous allez sécher bin raide avec votre requête. Vous êtes fâché. Ça mine votre qwualité de vie, ça vous stresse. Alors, vous faites quoi? Vous ralliez votre rue au complet à votre cause, vous faites signer une pétition et la Ville finit enfin par accepter. Et vous pourrez avoir votre rue refaite. C'est ça.

Beaucoup de pays d'Europe ont adopté cela depuis longtemps et sont encore là pour en parler. Donnez-nous au moins une chance. Sans nous juger. Car ce sera peut-être mon futur-fils qui vous opérera dans une trentaine d'année, ce sera peut-être ma future-fille qui trouvera un remède contre le cancer de votre femme. Ce sera peut-être l'enfant d'un couple infertile qui freinera juste à temps pour ne pas tuer votre petit-fils qui a traversé la rue au mauvais endroit, sans avoir regardé. Peut-être qu'un jour, ce sera votre fille qui pleurera dans vos bras, après deux ans de relation non protégées, qu'elle ne peut enfanter avec l'homme de sa vie. Que son petit corps soit rongé par de l'endométriose, ou avec des ovaires polykystiques, qui est un syndrôme, donc une maladie. À ce moment, vous serez content que d'autres couples ce soient battus avant vous. Mais nous, dans le moment présent, nous n'avons pas envie de vous attendre. Pardonnez-nous.

Je sais que vous ne changerez pas d'avis, de toute façon. Attribuez-nous la faillite du Québec au complet si vous voulez. Mais vous avez tort sur nos intentions et sur nous, de toute façon.
Bonne journée.